20 avril 2008
Emeutes de la faim
*déclaration duMRAP
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> *Etat d'urgence dans le monde face aux «émeutes de la faim »*
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> Après celles de l'Égypte, du Burkina Faso, de Mauritanie, de Côte
> d’Ivoire, du Mexique, de Thaïlande, du Sénégal, et de Madagascar, des
> «émeutes de la faim» viennent d'éclater en Haïti. Le prix moyen d’un
> repas a augmenté de 40% dans le tiers-monde et des dizaines de millions
> de personnes ont basculé dans la misère absolue, celle où il devient
> impossible de se nourrir.
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>
> Toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans meurt de la faim
> ou de ses suites immédiates, soit plus de 6 millions en 2007. Toutes les
> quatre minutes, quelqu’un perd la vue à cause du manque de vitamines A.
> 854 millions d'êtres humains sont gravement sous-alimentés. C’est
> l’Afrique subsaharienne qui paie le plus lourd tribut : 186 millions
> d’êtres humains y sont, en permanence, gravement sous-alimentés, soit 34
> % de la population totale de la région. La plupart d’entre eux souffrent
> de ce que la FAO appelle « la faim extrême », leur ration journalière se
> situant en moyenne à 300 calories au-dessous du régime de la survie dans
> des conditions supportables. Un enfant manquant d’aliments adéquats en
> quantité suffisante, de sa naissance à l’âge de 5 ans, en supportera les
> séquelles à vie. Régis Debray nomme ces enfants les « crucifiés de
> naissance ».
>
> Et pourtant cette situation n'est pas une fatalité. La FAO constate
> qu’au stade du développement actuel de ses forces de production
> agricoles, la planète pourrait nourrir sans problème 12 milliards
> d’êtres humains, soit le double de l’actuelle population mondiale. Cela
> signifie que ce crime contre l'humanité a des responsables :
>
> *les effets multiples d'une mondialisation ultra-libérale au profit de
> multinationales sans scrupules;
>
> * les politiques mondiales d'ajustement structurel qui ont contribué à
> l'affaiblissement des économies des pays du Sud et sont, encore
> aujourd'hui, responsables de l'extension de la pauvreté,
>
> * la Banque mondiale et le FMI qui ont imposé aux pays du Sud l’abandon
> des cultures vivrières au profit de produits de base dont l' exportation
> promise se heurte à l'inacceptable concurrence des produits
> subventionnés du Nord;
>
> * les grands groupes qui en sont bénéficiaires et pilotent des
> spéculations criminelles
>
> * la hausse des prix de l’énergie, engrangée par les compagnies
> pétrolières, qui pousse dans le même temps à produire des
> bio-carburants qui non seulement retirent de vastes surfaces à la
> production de denrées alimentaires mais constituent aussi une
> catastrophe écologique en abattant des pans entiers de la Forêt
> mondiale;
>
> * la destruction des cultures vivrières des zones rurales
> traditionnelles;
>
> * Les dépenses militaires mondiales qui s'élevaient à 1204
> milliards de $ en 2006 et sont en perpétuelle augmentation: il
> suffirait de 135 milliards de $ soit 10% de ces dépenses, pour
> arracher les habitants de la planète à la misère;
>
> Plusieurs pays du Sud ont interdit les exportations agricoles. Mais
> l’OMC persiste à imposer, sanctions à l'appui, la libéralisation d'
> échanges inégaux, à interdire les subventions agricoles pour les plus
> pauvres ainsi que les droits de douanes. On en voit un exemple éloquent
> dans les accords de Partenariat Economiques -APE, que l'Union européenne
> tente d'imposer à leur corps défendant à l'ensemble des anciens pays
> ACP, après que la convention de Cotonou soit arrivée à échéance fin 2007.
>
> /«Les prix de l’alimentation, s’ils continuent comme ils le font
> maintenant… les conséquences seront terribles»/ a déclaré Dominique
> Strauss Kahn, Directeur du Fonds Monétaire International. /«Un choc
> alimentaire se prépare» / a annoncé, de son côté, la Commission
> Européenne qui prévoit /«un tsunami économique et humanitaire en Afrique»./
>
> Une telle situation conduit l'humanité entière à la catastrophe. Des
> inégalités de plus en plus criantes ne peuvent que favoriser les
> mouvements extrêmistes qui prônent la violence et cherchent à exploiter
> le désespoir des plus pauvres. . La faim devient aussi une arme
> redoutable au service des nantis. Après les guerres de l'eau qui sont
> déjà à l'oeuvre partout dans le monde, au coeur de multiples conflits
> politiques et territoriaux, les guerres de la faim se profilent.
>
> Dès lors, ce ne seront plus seulement quelque 180 à 200 millions de
> personnes, selon les évaluations d'aujourd'hui, qui auront quitté leur
> lieu de naissance pour chercher ailleurs protection et survie. Jour
> après jour, il apparaît que les centaines de millions de «migrants
> forcés» de demain seront de plus en plus des réfugiés – climatiques, de
> l'eau et de la faim – en demande de protection dans les contrées plus
> riches et plus clémentes du globe terrestre.
>
> Il y a urgence à prendre à bras le corps cette question, l'Union
> Européenne toute entière doit y contribuer. Tout doit être fait pour que
> soient effectivement atteints les «Objectifs du Millénaire pour le
> développement», adoptés par l'ONU en 2000, afin de diminuer de moitié la
> pauvreté mondiale d'ici à 2015.
>
> Le MRAP en appelle à la Présidence française de l'Union Européenne du
> second trimestre 2008 pour prendre, en la matière, des initiatives qui
> soient à la hauteur des enjeux d'aujourd'hui.
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> Paris le 18 avril 2008
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