Conte (à rebours) de Noël à la Préfecture de Chartres
le 8 janvier 2007, 14h45: Ahmed MEZRI aurait pu venir retrouver sa femme et ses trois enfants de 22 mois, 5 et 10 ans, qui l’ont attendu en vain pendant les fêtes, et qui l’attendront peut-être encore longtemps, car...
le 5 janvier, Ahmed Mezri, qui vit en France depuis 1999 “sans papiers”, a été expulsé en Algérie, où il n’a quasiment plus de famille.
De nationalité marocaine, Bouchra, son épouse depuis 2004, est régularisée depuis 6 ans au titre de la maladie. Elle est, en effet, atteinte d’une pathologie très lourde qui nécessite un traitement régulier en France. Son état nécessite de longues et fréquentes hospitalisations à l’hôpital du Coudray à Chartres et rend la présence de son mari indispensable, tant du point de vue affectif que matériel .C’est le papa, en particulier, qui suit et aide les enfants dans leur scolarité (les deux aînés sont scolarisés en maternelle et primaire à Lucé).
Récit d’un mois d’angoisse.
le 7 décembre, il est arrêté suite à un contrôle de police à Chartres, envoyé au centre de rétention du Mesnil Amelot, à la suite de la décision du Juge de la Détention et des Libertés (JDL) de Chartres, de ne pas le libérer et de la confirmation de son APRF (Arrêté de reconduite à la frontière) par le Tribunal Administratif d’Orléans.
Le 13 décembre, présenté au consulat d’Algérie de Vincennes, il n’est pas reconnu citoyen algérien : pas de passeport, il ne peut pas être « éloigné » !
Retour au Mesnil Amelot, puis Ahmed suit le parcours bien connu : prolongation de la rétention demandée par le Préfet de Chartres, Tribunal de Grande Instance de Meaux, qui fonctionne 7 jours sur 7 ! de JDL, prolongation de la rétention jusqu’au 8 janvier 2007, 14h 45 !
Sans doute le temps nécessaire à la préfecture de Chartres pour faire son enquête jusqu’en Espagne où le personnel zélé a retrouvé les traces du passeport d’Ahmed, passeport validé à Alicante jusqu’en 2011. (L’Europe de Schengen fonctionne !!!)
20 décembre: le temps aussi pour le Réseau Education Sans Frontière d’alerter le collectif 28 pour la régularisation des sans papiers.
22 décembre: conférence de presse dans le logement de la famille à Lucé, avec voisins, enseignants, amis et défenseurs des droits de l’homme
27 décembre: une délégation de RESF et du Collectif 28 rencontre, avec Bouchra Mezri, le Secrétaire Général de la Préfecture d’Eure-et-Loir, pour exposer la situation dramatique de la famille, et demander la régularisation d’Ahmed. A la fin d’un entretien d’environ une heure, le représentant du préfet, qui a écouté d’une oreille “bienveillante” a prétendu que la décision définitive incombait, au ministère de l’Intérieur, à de peu joignables (en raison des fêtes!) interlocuteurs (le ministre en personne?).
29 décembre: une réponse tombe sur le répondeur d’un téléphone portable : négative, confusément motivée, et assortie d’une perspective floue de régularisation “pour regroupement familial” depuis l’Algérie (techniquement difficile, et pratiquement renvoyée à plusieurs mois).
du 30 décembre au 5 janvier l’espoir repose sur l’absence de place dans les avions en partance.
5 janvier 10h30, Ahmed téléphone il est emmené à 11h pour l’aéroport. Silence. La gendarmerie avait ordre de ne pas le prévenir.
5 janvier14h il est embarqué d’Orly Sud pour Oran.
Toutes les règles et conventions internationales -Droits de l’Homme fondamentaux et protection des enfants- ont été bafouées !
Sans doute pour la préfecture d’Eure-et-Loir, cette expulsion ne porte « pas une atteinte grave à la vie privée et familiale »! Quel crime ce jeune père a-t-il commis pour que la préfecture fasse preuve d’un tel cynisme ?
Sa seule « faute » être « sans-papiers » et vouloir construire tout simplement sa vie en France avec sa famille !
Le RESF et le Collectif 28 organisent la solidarité autour de cette famille jusqu'au retour d’Ahmed.
Ils appellent
- les enseignants à protéger leurs élèves, enfants de « sans-papiers »
- les parents d’élèves à renforcer la vigilance solidaire de tous, enfants et adultes