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AERéSP 28 (Accueil des Exilé-e-s et Régularisation des Sans Papier)
12 décembre 2007

Droits de l’Homme, la dangereuse dérive de Sarkozy

Droits de l’Homme, la dangereuse dérive de Sarkozy Écrit par Cédric 10-12-2007 Le 10 décembre 1948, au Palais de Chaillot à Paris, les Etats Membres de l’Assemblée générale des Nations Unies, parmi lesquels la France, ont adopté la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Pour commémorer cet événement, le 10 décembre a depuis été érigé en journée mondiale des droits de l'Homme. Cette année, le président Sarkozy a décidé de la fêter à sa manière en recevant en visite officielle pour cinq jours l’un des pires dictateurs au monde, le dirigeant libyen Mouammar Khadafi. Loin d’être une simple erreur de parcours, cette réception scandaleuse témoigne du peu de fait que Nicolas Sarkozy accorde aux droits de l’Homme depuis le début de son mandat. L’omnimédiatique président UMP n’hésite en effet pas à bafouer régulièrement ces droits fondateurs de la République française au profit de sa politique cynique et réactionnaire en matière de lutte contre la délinquance, de gestion de l’immigration, de la liberté de la presse ou encore de politique étrangère. Le tout répressif au détriment des droits du citoyen. En tant que Président de la République, Nicolas Sarkozy poursuit et approfondit la logique du tout répressif qu’il avait engagée lorsqu’il était ministre de l’Intérieur. Abandon de tout traitement social de la délinquance, fichage systématique des suspects, multiplication des caméras de surveillance, augmentation des effectifs de police (alors que la France détient d’ores et déjà le record européen en la matière) sont autant de mesures qui tendent à transformer notre pays en un véritable Etat policier au détriment des libertés individuelles des citoyens. Une telle approche purement répressive, dont l’inefficacité est désormais prouvée par tous les chiffres, s’accompagne de plus d’une remise en cause profonde des principes mêmes d’une justice démocratique. L’adoption récente des peines planchers constitue ainsi une entorse grave aux règles fondamentales de l’individualisation des peines et de la liberté de décision du juge. De même, l’abandon évoqué de l’exception de minorité et de l'irresponsabilité pénale des malades mentaux trace les contours d’une justice d’enfermement systématique allant à l’encontre des valeurs humanistes de notre République. D’autant plus que les prisons françaises, surchargées comme jamais, viennent une nouvelle fois d’être épinglées par le Comité de prévention de la torture du Conseil de l'Europe pour leurs conditions déplorables de traitement des détenus. Une politique d’immigration indigne de la patrie des droits de l’Homme. Prétendant « décomplexer » la droite française et cherchant à séduire l’électorat d’extrême droite, le candidat Sarkozy avait fait siennes au cours de la campagne présidentielle nombre des idées du Front National. Cette dérive nationaliste et intolérante aurait pu en rester au statut de dangereuse manipulation électoraliste si elle n’avait depuis été traduite en mesures concrètes, telles que le honteux Ministère de l’immigration et de l’identité nationale ou la scandaleuse loi sur l’immigration et son désormais fameux amendement ADN. Comme l’a récemment remarqué Doudou Diène, le rapporteur spécial de l'ONU sur le racisme, de telles dispositions participent d’une dynamique de légitimation du racisme et de stigmatisation de l’immigré dans notre pays. Elles sont de plus parfaitement incompatibles avec la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, dont la France est rappelons le signataire, qui stipule que nul ne peut faire l’objet de discriminations juridiques en fonction de ses origines nationales et de naissances (articles 2 et 7). Au delà de leur dangereuse portée symbolique, de telles mesures se traduisent concrètement par la négation complète de l’humanité des immigrés, particulièrement des sans-papiers. Ceux-ci sont actuellement victimes d’une véritable traque avant d’être parqués puis expulsés, sans aucun respect de leur dignité ni de leurs droits les plus élémentaires. Ces pratiques, qui ne sont pas sans rappeler les heures les plus sombres de notre histoire, sont en tous cas particulièrement indignes d’un pays se flattant, de manière de plus en plus illusoire, d’être la patrie des Droits de l’Homme. Une liberté d’information menacée La semaine dernière, Guillaume Dasquié, un journaliste spécialisé dans les dossiers impliquant la raison d’Etat, a passé près de quarante-huit heures en garde à vue et a été l’objet de vives pressions dans le cadre d’une enquête sur sa référence à des dossiers confidentiels dans l’un de ses articles. Cette violation flagrante de l’article 109 du Code de procédure pénale, qui prévoit que tout professionnel des médias interrogé sur l’origine de ses informations a le droit le plus strict de garder le silence, pourrait faire figure d’incident isolé si elle ne prenait place dans un contexte général de détérioration des conditions d’exercice du métier de journaliste dans notre pays. Alors que dans le classement mondial de la liberté de la presse 2007, la France occupait déjà une peu glorieuse 31ème place, derrière des pays comme le Ghana ou la Namibie, il y a fort à parier que cette situation va continuer à se dégrader sous la présidence Sarkozy. Ce dernier semble en effet n’accorder guère d’importance au principe d’indépendance des médias et n’hésite pas à solliciter ses nombreux contacts dans le monde des affaires pour influer sur le contenu de l’information. L’affaire Genestar, du nom du rédacteur en chef de Paris Match licencié pour avoir publié une photo de Cécilia Sarkozy en galante compagnie, ou plus récemment celle des Echos, dont les journalistes ont eu la surprise de se faire annoncer le nom de leur nouveau directeur par le président en personne, ne sont que les exemples les plus flagrants des pressions, plus ou moins explicites, que le pouvoir politique n’hésite plus à faire peser sur les journalistes, en opposition complète avec l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Une diplomatie au cynisme sans précédent. Dans son projet présidentiel, Nicolas Sarkozy promettait solennellement de ne « jamais passer sous silence les atteintes aux droits de l’homme au nom de nos intérêts économiques » et de « défendre les droits de l’homme partout où ils sont méconnus ou menacés ». Force est de constater qu’à ce niveau, le désormais président a fait preuve de beaucoup moins de constance qu’au sujet de l’immigration. Il s’est en effet très vite convertit à la « realpolitik », faisant en quelques mois de la France un des Etats occidentaux à la diplomatie la plus cynique. Trahissant allégrement les valeurs et idéaux républicains de notre pays, il ne recule devant rien pour vendre à des pays aussi démocratiques que la Lybie ou la Chine des complexes industriels, des avions de chasse ou même des centrales nucléaires. Réduite au statut de simple caution silencieuse, la pauvre secrétaire d’État aux droits de l’Homme Rama Yade n’est même plus conviée aux voyages officiels les plus sensibles. Tout récemment, alors que l’ensemble des pays occidentaux condamnaient les graves fraudes ayant entaché le scrutin, Nicolas Sarkozy a poussé le zèle jusqu’à féliciter « chaleureusement » le président russe Poutine pour la victoire de son parti aux élections législatives. Seuls ses homologues kazakh et iranien avaient osé aller aussi loin... Attaché au principe de l’égalité en droit et en dignité de tous les êtres humains, le Mouvement des jeunes socialistes de la Gironde invite tous les citoyens à la vigilance et à la mobilisation face aux dangereux écarts que Nicolas Sarkozy se permet par rapport aux droits de l’Homme, indivisibles et universels. Produits de longs combats philosophiques, politiques et sociaux, ceux-ci constituent un idéal fragile qui ne saurait être considéré comme un acquis définitif, même en France, leur pays de naissance. Les traiter avec légèreté en acceptant, comme le fait le président Sarkozy, de les réduire ou de les taire au nom d’intérêts économiques et politiques à court terme, c’est les compromettre dans leur ensemble. Comme l’a écrit Vaclav Havel, les Droits de l’Homme ne seront respectés qu'à la condition que chaque homme se rende compte qu'il en est "responsable pour le monde entier".
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