Yaourt

Du yaourt pour les pauvres. mardi 13 novembre 2007 Il y deux façons de parler du "Shoktidai" de Danone, le yaourt le moins cher du monde. La première est d’applaudir à tout rompre, comme le "Figaro Magazine" (27/10).Cette opération menée au Bangladesh, l’un des pays les plus pauvres de la planète, par le "businessman philanthrope" Franck Riboud, patron de Danone, et Muhammad Yumus, inventeur du microcrédit et Prix Nobel de la paix. Faire fabriquer dans une usine locale ( inaugurée par Zidane) des yaourts enrichis en iode, zinc, fer et vitamine A pour combattre la malnutrition des enfants, tout en permettant à des femmes archipauvres de toucher un salaire en vendant lesdits yaourts. Génial, non ?. Autre manière d’applaudir le Shoktidai : y voir une superstratégie marketing destinée à faire avaler du yaourt à des gens qui s’en passaient jusque-là. Ce "business model", initié en Afrique du Sud, est même enseigné à la Danone Marketing University. Les "marketeurs juniors" y apprennent que les coûts de fabrication " sont réduits au maximum, laissant à l’entreprise une marge d’environ 25%". Et pour cause, le lait est fourni par un partenaire local à "des conditions privilégiées", sous-entendu pour des clopinettes, et " les frais de commercialisation sont abaissés grâce à l’absence de pub". En effet, ce sont les mères de famille recrutées comme vendeuses et sensibilisées aux vertus nutritionnelles du produit qui se chargent de la promo dans le village. Tout ça sans perdre de vue qu’"en habituant les enfants des milieux modestes à consommer des produits Danone la marque espère bien s’ancrer dans les esprits et devenir, demain, un achat réflexe". Comme l’a calculé la Banque mondiale, les 4 milliards de pauvres représenteraient un marché de 3 700 milliards d’euros. Une estimation à la louche... Le Canard enchaîné du 07/11/2007